Le chevalier blanc, la princesse et Robinson chez les amazones

Lorsque dans un groupe il y a une différence de représentativité d’un type d’individu par rapport à un autre il se crée souvent un biais de représentativité que j’appelle l’effet: « Robinson chez les amazones » et qui induit souvent un second biais de raisonnement et de jugement, celui du chevalier blanc.

Il était une fois sur une île, une survivante d’un naufrage. Cette île était peuplée d’un tas de jeunes hommes.

Cette survivante était assez quelconque dans le village d’où elle provenait, elle passait inaperçu, les garçons ne faisait pas attention à elle et dans sa famille nombreuse, elle n’était qu’une bouche en plus à nourrir.

Il était une fois sur une île, un survivant d’un naufrage. Cette île était peuplée d’un tas de jeunes femmes.

Ce survivant était assez quelconque dans le village d’où il provenait, il passait inaperçu, les filles ne faisait pas attention à lui et dans sa famille nombreuse, il n’était qu’une bouche en plus à nourrir.

A peine arrivé sur l’île que la population de l’île fit la cour, amenant des présents, des vivres, proposant un toit.

Pour cette population qui n’avait pas vu de représentant de l’autre sexe depuis longtemps, c’était une véritable joie! Une assurance d’un avenir à nouveau et de la continuité de l’existence! A nouveau un des besoins majeur: la reproduction va pouvoir être comblé.

Jusque-là rien de bien compliqué, on peut évidemment réécrire l’histoire en changeant le terme homme ou femme par un métier qui manque dans une équipe ou par un trait de caractère qui manque dans un groupe… si ce trait ou ce métier permet de combler un besoin, résoudre un problème, l’individu sera accueilli qu’importe son niveau de compétence vu qu’il n’y a pas de comparaison possible et que cet individu est le seul représentant.

On a donc bien un biais de représentativité qui influe sur le raisonnement mais également un biais de jugement en considérant qu’avant l’arrivée de l’individu la population avait dans son écosystème plus qu’un seul genre et pensait à juste titre, car sans point de comparaison possible, que le monde extérieur était identique.

Chevalier blanc – Photo by Cas Holmes on Unsplash

Le chevalier blanc

Il ne s’agit en aucun cas ici de la couleur de peau mais du concept de bien contre le mal, le chevalier sur son cheval blanc contre le chevalier sur son cheval blanc. Le chevalier habillé en blanc contre le chevalier habillé en noir.

Le chevalier blanc est un autre individu de la population de base qui va en faire un petit peu plus pour se mettre en avant et défendre des valeurs qu’il pense juste.

Le chevalier blanc se pense loyal et bon. (Biais Égocentrique)

Il va défendre la veuve et l’orphelin, c’est à dire, les plus faible selon lui et selon son éducation, sa culture, son écosystème.

La princesse

La princesse aime les chevaliers, parce qu’on l’a éduquée dans ce sens-là, sa culture fait qu’elle sait que les chevaliers sont à son service et se battrons pour avoir ses faveurs. C’est aussi une projection de certains mode de reproductions chez les animaux où les mâles doivent se battre pour gagner le droit de s’accoupler et chasse les autres mâles, se réservant seuls les femelles pour les périodes de reproductions et pour assurer l’alimentation et l’éducation des petits (chevaux, lions, cerfs …).

La princesse cherche la compassion du chevalier et éveille chez le chevalier un intérêt qui renforce son égo et donne du sens à sa bataille pour protéger les plus faibles.

Validisme? Féminisme au masculin?

Dès qu’une population est sous représentée dans un sous-écosystème donné par rapport à l’écosystème global que ce soit au niveau de ses activités (travail, études, jeux, …) ou au niveau de ses compétences (études, métiers, …) il y aura des princesses et des chevaliers blancs qui se soutiendront naturellement.

Mais forcément parmi les chevaliers blancs, dans son imaginaire de chevalier, un seul peut être retenu auprès de la princesse. Alors que la princesse si elle veut maximiser ses chances doit laisser beaucoup de chevaliers lui faire la cour.

On voit évidemment le côté sexuel fort de cette image, princesse, chevalier … la cour.

Mais on peut avoir les même projections de stéréotype face au validisme lié à une sous-représentation des personnes atteintes de handicap au sein d’une classe de primaire par exemple, où dès lors la personne atteinte de handicap s’attirera tous les « chevaliers blancs » qui sous « aideront » la personne sans penser à mal, en réalisant une bonne action. Comme si il agissait sur leur karma pour gagner des points avant le jugement final.

On peut également voir les enfants à hauts potentiels (HP) dans une classe, sous représentés (alors qu’il y en a selon une distribution normale 1 par classe en moyenne). Pour lesquels les professeurs se trouveront fort démunis (alors qu’ils en auront au moins 1 par an durant toute leur vie de professeur). Et où il penseront bien faire et donner le change au mieux.

Vase de Rubin – source: Wikimedia

Conclusions et Gestalttheorie

Ce qui est important c’est de comprendre la temporalité et l’écosystème, accepter que pour le chevalier blanc ce qu’il fait à ce moment-là est juste, accepté que la femme ou l’homme survivant arrivant sur l’île n’est pas le meilleur représentant mais un représentant d’un type, genre et que cet individu est nécessaire et important à ce moment-là dans ce contexte-là.

Et surtout et en premier créer un dialogue, comprendre que l’individu n’est pas un porte parole de tout un groupe mais juste un individu, c’est à dire, statistiquement, un échantillon non représentatif du groupe auquel on l’associe (handicap, hp, genre, talent, compétence, religion …). Car cet individu fait partie désormais de votre écosystème. Et que cet individu n’a pas forcément besoin ou envie d’être associé à un groupe dans lequel votre structure mentale essaie de le ranger.

La survivante ou le survivant sur l’île n’a peut-être pas envie de s’accoupler et de créer une descendance, il risque alors de devenir un ennemi car il empêche le groupe de résoudre un besoin primaire… Et c’est pour ça que le dialogue est important.

L’enfant HP ou la personne atteinte de handicap a peut-être besoin d’intégration et n’a pas envie d’être mis à part ou d’être considéré comme différent.

C’est là que le dialogue et l’expression du pourquoi et des besoins de chacun est important.

Au niveau du développement de site et d’application, ces biais reviennent souvent et beaucoup plus souvent qu’on ne le croit. D’abord dans la constitution des équipes, il s’agit principalement et historiquement de développeurs mâles au sein desquels la place d’une femme peut être perçue comme la survivante de l’île, la princesse et autour de laquelle les chevaliers tenterons l’impossible pour paraître sous leur meilleur jour et soutiendrons envers et contre tous les souhaits de la princesse.

Alors vous allez me dire que c’est un juste équilibre et que c’est bien vu tous les mâles blancs paternaliste qui ne donnent pas la parole au femme et qui ignore ce qu’elles disent. Peut-être… Mais ne serait-ce pas mieux que la survivante puisse être jugée que sur ses compétences et indépendamment du groupe dans lequel l’on rangé les autres?

Au niveau UX ce biais est également fort présent, surtout au niveau du validisme, où on essaie de ranger les personnes atteinte de handicap dans un groupe (alors qu’il y a tellement de handicap différent, ça n’a aucun sens), de n’associer que certains type de handicap connu de notre environnement (ma grand-mère a perdu un bras, je vieilli et j’ai du mal à voir les petits caractères, mon cousin à …) sans adresser le dialogue directement avec les intéressés et sans les considérés dans aucun groupe auquel il n’ont jamais demandé d’appartenir mais que nous créons parce que ça nous arrange.

C’est la Gestalttheorie où les formes et les structures sont implicites et obligatoire dans notre conception du monde et parfois nous enferment dans une vision simplifiée de la réalité, nécessaire à ce moment-là, mais dans laquelle nous ne devons pas rester enfermé.

En gros, cassons les barrières, parlons nous, franchement et honnêtement, écoutons nous, surtout! Homme, femme, handicapés, valides, haut-potentiels, sous doués… qu’importe les regroupement que je fais dans ma tête aujourd’hui pour pouvoir structuré ma pensée, ces cases sont mobiles, ses frontières sont floue et changeant et doivent le rester.

La plasticité de la représentativité de la structure du monde qui nous entoure est indispensable à créer un monde meilleur.

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